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Maintenant je peux le dire : j'ai fait la Cape Epic !


Cela faisait des mois que je m’entraînais pour la Cape Epic et pas un jour ne s’écoulait sans que je ne pense à cette course. Voilà maintenant une semaine que je suis rentrée d’Afrique du Sud. C’est encore difficile de réaliser que c’est bel et bien fini ! Tant d’heures passées à transpirer sur mon vélo, tant d’investissement et de sacrifices. Cet entraînement de 6 mois était devenu un vrai mode de vie et c’est désormais derrière moi !

J’ai tenu un journal chaque jour et je vais essayer de vous résumer le plus brièvement possible ces deux semaines qui marqueront ma vie à jamais.

Avant la course, mon arrivée à Cape Town

J’arrive à Cape Town quatre jours avant le départ de la Cape Epic pour rejoindre toute l’équipe LIV. C’est là que je rencontre pour la première fois ma coéquipière Olivia (UK), les autres filles de la Trail Squad : Lisa (USA) & Kate (Australie), Anna (Espagne) & Sandra (Mexique) et nos deux rideuses pro : Kaysee (USA) & Serena (USA). C’est comme si on se connaissait déjà mais on ne s'était jamais vues. D’emblée notre emploi du temps est très chargé : interviews, montage des vélos, excursions à Table Mountain, retrait des dossard… Nous devenons une équipe soudée assez rapidement. Caroline et Brook (équipe marketing LIV) nous encadrent, Sarah (ambassadrice LIV en Afrique du Sud) nous donne plein de bons conseils et notre équipe média va nous suivre tous les jours grâce à une moto et un VTT à assistance électrique (Jeff, Troy et Hayden).

©Jeff Clark

La course jour après jour

Le Prologue – 20 km 600 m D+

Université de Cape Town

05h00 : dernier réveil à l’hôtel. Un bus nous emmène à l’Université de Cape Town. Nous sommes toutes un peu stressées. Départ à 07h32m05s. Je redoutais la partie technique qui devait être la plus difficile de la course. Je réussis finalement à rester sur mon vélo sur la moitié puis je marche à la fin. Olivia est beaucoup plus à l’aise en descente et s’en sort très bien. Nous terminons en 01h40. Nous prenons ensuite un bus qui nous emmène sur le premier campement à Robertson. Nous découvrons le fonctionnement de celui-ci : les tentes, les douches, les toilettes, le mécanicien, les masseuses, le dîner…

Stage 1 – 110 km - 1900 m D+

Robertson

C’est là que la course commence vraiment. La cornemuse nous réveille à 05h30. Au petit-déjeuner les filles sont stressées. Lisa est malade (gastro) mais prend le départ quand même. Les premiers kilomètres passent très vite, nous sommes sur des chemins assez roulants. Évidemment, cela ne dure pas et ça commence à grimper assez rapidement ! Comme nous l’avions prévu, Olivia passe devant dans les descentes, et je guide dans les montées. Il fait très chaud et il y a peu d’ombre. Nous traversons une rivière vers la fin de la journée et c’est tellement rafraîchissant ! Quand le panneau « Finish 5 km » apparaît, nous réalisons que nous avons presque validé la première étape ! Dernier virage dans les graviers et je dérape ! Cela me vaudra une belle cicatrice au genou pour le reste de la course. Nous franchissons enfin la ligne d’arrivée. L’équipe LIV nous attend et nous félicite. Nous avons passé 08h30 sur nos vélos !

©Jeff Clark

Stage 2 - 106 km - 2000 m D+

Robertson

Cette étape est une succession de montées et de descentes. Ma coéquipière qui couve un rhume depuis le début semble faiblir. Nous roulons avec les derniers de la course quand une crevaison nous arrête. Une épine, rien de grave, c’est réparé instantanément grâce au préventif du tubeless. Tout va bien jusqu’à ce que j’essaie de regonfler le pneu et que la valve me reste entre les mains… Anna et Sandy nous aident à réparer cette roue. Nous avons perdu pas mal de temps, il fait chaud et les hyènes sont derrière nous (ce sont deux cyclistes qui marquent la fin de la course et qui suivent les derniers coureurs tous les jours)… Il ne faut surtout pas ralentir ! Quand nous franchissons enfin la ligne d’arrivée, Olivia fond en larmes, elle est épuisée, mais nous avons réussi à finir dans les temps !

Stage 3 – 122 km – 1800 m D+

Robertson - Worcester

C’est l’étape la plus longue mais assez simple techniquement. L’état de ma coéquipière semble s’être dégradé, elle n’a plus d’appétit et peine à manger. J’essaie de l’aider tant que je peux : je pousse les deux vélos dans les montées, je la force à manger… Notre rythme est très lent. A un moment je crois l’avoir perdue et cela nous retarde facilement de dix minutes. Notre vitesse moyenne est en-dessous du minimum nécessaire pour finir dans les temps. Il va falloir accélérer ! Nous passons un moment seules sans aucun autre cycliste autour de nous. Je roule en tête et essaie de donner le rythme. Nous sommes vite rejointes par les hyènes, je n’aime pas les avoir derrière nous ! Si jamais nous avons un souci mécanique, la course s’arrête aujourd’hui pour nous. Notre caméraman Hayden nous suit toute la journée. Nous sommes toutes les deux à bout de nerf ! Nous réussissons finalement à finir dans les temps, je n’y croyais plus !

Stage 4 – 113 km – 1800 m D+

Worcester - Wellington

Ce matin l’état d’Olivia s’est encore dégradé mais elle prend tout de même le départ. J’ai vraiment peur qu’on ne finisse pas l’étape aujourd’hui. Elle me dit de ne pas l’attendre, tant pis pour la pénalité de temps (on ne doit pas avoir plus de 2 minutes d'écart entre coéquipiers normalement). Je ne tarde pas à rejoindre Anna dont la coéquipière a abandonné la veille. Dans la première ascension il fait très chaud et elle se sent mal, elle abandonne au prochain ravitaillement. Durant cette journée, les singles se succèdent et pas moyen d’accélérer. Je vois ma vitesse moyenne baisser petit à petit… Je retrouve Kate et Lisa. C’est au tour de Kate d’avoir la gastro et sa coéquipière fait un très bon travail pour l’emmener jusqu’à la ligne d’arrivée. Au dernier ravitaillement (80 km) nous sommes à bout de forces et il nous reste peu de temps ! Heureusement qu’une portion assez conséquente de route arrive (environ 13 km d’ascension suivis d’une bonne descente) ! Nous continuons alors toutes les trois ensemble. Deux Anglais nous traînent dans toute la côte. J’entame la descente avec eux et un Français, j’ai perdu mes coéquipières de la Trail Squad. Un dernier single à franchir puis la ligne d’arrivée se dessine enfin ! Je suis tellement heureuse, les larmes ne tardent pas à monter. Kate et Lisa arrivent peu de temps après. Cette journée aura été la plus difficile pour le moment.

©Lisa Land

Stage 5 – 39 km – 1430 m D+

Wellington

Depuis le début je redoute cette étape. C’est la plus courte, mais le dénivelé paraît insurmontable ! En plus, je suis encore épuisée de la veille. C’est un contre la montre, nous avons 4h15 maximum pour finir. Je suis d’humeur plutôt négative, je la sens mal… Olivia qui a abandonné hier reprend le départ aujourd’hui avec un dossard bleu (il donne une dernière chance de participer à la course sans être considéré comme finisher). Son état ne s’est pas amélioré, elle me dit de ne pas l’attendre comme hier. Il est 10h59 quand nous partons et la chaleur ne tarde pas à monter jusqu’à 40 °C et plus ! Dans la dernière côte, je suis à bout de forces et je marche très lentement en poussant mon vélo. J’ai l’impression que ce single ne finira jamais ! Je craque, je pleure… D’autres cyclistes me doublent et me disent de ne pas lâcher. Je serre les dents et continue tant bien que mal. Quand j’arrive enfin en haut je croise un des deux Anglais de la veille. Sa coéquipière est plus loin devant et il est à bout de force. J’essaie de l’encourager comme je peux. Dans le « Technical Terrain » je décide de ne pas aller trop vite pour éviter une chute qui risque d’être éliminatoire. J’arrive enfin sur des chemins dans les vignes et je sais que l’arrivée n’est pas loin, mais le temps défile… Je passe devant un deuxième ravito improvisé, je ne m’arrête pas. Quand je franchis la ligne d’arrivée je ne sais pas si j’ai réussi ou non… quand j’entends « Congrats Madeleine ! » Lisa me prend dans ses bras et je fonds en larmes. Quelle journée ! Brook m’apporte un granité à la mangue pour me rafraîchir. Je recroise l’Anglais, il a fini avec seulement trois minutes de retard, ce qui lui vaut d’être disqualifié. J’ai vraiment de la peine pour lui. J’apprends qu’Olivia a abandonné à cause de la chaleur, je suis désormais seule. Ce sera finalement cette étape qui restera la plus éprouvante pour moi.

Stage 6 – 76 km – 2000 m D+

Wellington

Au petit-déjeuner je retrouve Kate et Lisa. Aucune d’entre nous n’a envie de monter sur un vélo, mais nous allons finir cette course ! Plus que deux jours ! J’ai reçu beaucoup d’encouragements sur Facebook et je suis pleine d’ondes positives. Je croise aussi Sarah qui me félicite d’être arrivée jusqu’ici et qui me dit d'imaginer le bonheur intense demain quand je franchirai la ligne d’arrivée. Durant cette journée je pense à cela et à tous ces messages reçus la veille, ce qui me permet de tenir. Aujourd’hui la météo est parfaite, le ciel est couvert et il fait beaucoup plus frais. Le parcours est tellement agréable ! Même si je suis épuisée, je profite et j’arrive à m’amuser sur ce tracé vraiment ludique (les singles dans la forêt sont mes préférés). Je finis largement dans les temps avec le sourire. Je retrouve Kate et Lisa : on est tellement contentes de savoir que demain c’est l’étape finale !

Stage 7 – 67 km – 2000 m D+

Wellington – Val de Vie, Paarl

Ce matin je suis stressée… Pas question de me louper sur cette dernière étape ! Le départ est à 08h25 et nous sommes très nombreux. Impossible de doubler qui que ce soit, il faut suivre le mouvement. Il y a deux grosses montées sur cette étape et la première commence seulement au troisième kilomètre. Dès le début j’ai trop chaud et je peine à respirer. Jeff me photographie dans la première ascension, il me dit « You can do it Mad. Shut up legs ! ». Je devine que mon visage est crispé et doit exprimer la douleur. Vient ensuite Hayden avec sa caméra ! Il me dit « Alors comment tu te sens Maddy ? » Je réponds brièvement « Je suis fatiguée et j’ai tellement mal au dos ! ». Je croise pas mal de personnes avec qui j’ai roulé ces derniers jours. Je subis la dernière montée mais je sais qu’après cela il n’y aura plus que de la descente jusqu’à l’arrivée. Au ravito, un bénévole de l’Île Maurice avec qui j’ai eu l’occasion de discuter plusieurs fois me prévient que le « Technical Terrain » est assez dangereux. Finalement, comparé à mon lieu d’entraînement autour de Marseille, ça reste tout à fait abordable. Depuis le début on avait eu deux informations différentes sur la longueur de l’étape : 67 ou 70 km. Quand le panneau « Finish 5 km » apparaît, je réalise que le parcours ne faisait que 67 km. Je suis tellement heureuse, j’ai réussi ! Je franchis la ligne d’arrivée et je n’en reviens pas. J’aimerais voir mes proches, heureusement que l’équipe LIV est là ! Olivia me tend un bouquet, j’aurais aimé finir la course avec elle. Quand on me met la médaille tant attendue autour du cou, je suis vraiment fière de moi (et ce n’est pas souvent que cela arrive). Kate, Lisa et moi n'arrêtons pas de répéter « We did it ! ».

©Jeff Clark

Une journée type sur la Cape Epic, ça ressemble à quoi ?

05h30 : la cornemuse retentit, c’est l’heure de se lever après une plus ou moins bonne nuit chacun dans notre tente rouge (beaucoup de voisins ronflent fort). On enfile ensuite notre cuissard enduit de crème froide, c’est plutôt désagréable comme première sensation de la journée. Passage aux toilettes (de chantier) avec la lampe frontale. L’hygiène laisse à désirer, mais pas le choix ! Lavage des mains au gel hydro-alcoolique (pas d’eau à cause des restrictions dues à la sécheresse). Après cela, direction petit-dej. Les repas sont servis dans une grande tente. On se réunit autour d’une des tables rondes avec la Trail Squad. On essaie de manger suffisamment même si on n’a pas toujours très faim (on a toutes été un peu malades). On se brosse les dents et il faut ensuite se préparer pour le départ. On va récupérer nos vélos sur le stand du mécanicien puis on colle l’autocollant de l’étape du jour dessus (kilomètres, dénivelé et ravitos). On remplit nos bidons et nos sacs d’hydratation, on prépare des gels et des barres. On n’oublie pas de s’enduire de crème solaire (indice 50 minimum) et d’anti-moustiques ! Les départs se font par groupes en fonction de notre niveau. En général, les plus rapides partent vers 07h00 et les derniers vers 08h30.

Une fois l’étape finie il reste encore plein de choses à faire avant d’aller se coucher ! D’abord emmener le vélo chez le mécanicien, ensuite prendre une douche (90 secondes maximum), donner notre tenue sale à la laverie et récupérer celle qui est propre. Il faut aussi penser à emmener nos bidons au stand hydratation. Ils nous seront redistribués le lendemain au ravito. Il reste encore le repas (servi entre 18h00 et 20h00). C’est à ce moment qu’on récompense les gagnants du jour et qu’on annonce l’étape du lendemain. Enfin, passage chez les masseuses : ça fait mal mais c’est pour notre plus grand bien ! Après cela on a en général le temps de se reposer un peu et de contacter nos proches puis on se couche tôt. C’est à ce moment-là, une fois dans ma tente, que j’en profitais pour écrire dans mon journal, équipée de ma lampe frontale.

Ce que je retiendrai de cette aventure

J’espère ne pas avoir été trop longue dans le récit de mon expérience. Maintenant je vais vous faire part de mon ressenti suite à cette course.

Au moment où j’ai été choisie par LIV pour participer à la Cape Epic, je ne pensais vraiment pas être capable d’être finisher. Je me souviens encore du jour où j’ai récupéré mon VTT, je me disais que je ne le méritais pas étant donné mon niveau. Je pratiquais essentiellement le vélo de route, je n’avais donc aucune technique et j’avais surtout très peur en descente ! J’ai beaucoup douté de moi tout au long de ma préparation mais je me suis énormément investie dans mon entraînement. J’aime les défis sportifs et j’avais envie de donner le meilleur de moi-même dans cette aventure. Je tenais surtout à remplir la mission donnée par notre sponsor : servir d’exemple pour encourager d’autres femmes à faire du vélo.

Ce n’est qu’à l’issue de la première étape que j’ai commencé à croire que je pouvais finir cette course. J’ai alors pris conscience que la pratique du vélo de route (et pignon fixe) m’avait apporté l’endurance et la puissance nécessaires pour enchaîner de longues journées sur le vélo. J’ai aussi pris confiance en descente. Etant donné l’ampleur des étapes, je n’avais pas le temps de réfléchir et de bloquer à chaque passage technique, il fallait que je continue quoi qu’il arrive ! Plus les jours passaient et plus j’allais vite en descente.

Ma coéquipière et moi ne nous étions pas entraînées ensemble et il a fallu que nous réussissions à nous adapter l’une et l’autre. Nous étions très différentes, et cela n’a pas toujours été facile de rouler ensemble. Malheureusement Olivia n’a pas pu finir la course et je me suis retrouvée seule à la fin. J’aurais préféré finir en équipe mais le destin en a voulu autrement. Alors oui c’est parfois difficile de rouler à deux, mais seule, c’est peut-être encore plus dur sur une telle course ! Pour ceux qui souhaitent participer aux prochaines éditions, je conseille vraiment de bien choisir son coéquipier et de s’entraîner ensemble !

Heureusement, nous n’étions pas seules sur cette course, mais nous avions toute l’équipe LIV autour de nous et cela a été d’un grand soutien ! Nous étions réellement comme une petite famille, nous nous sommes tous serrés les coudes et ces gens resteront à jamais dans mon cœur.

Dans ces situations où nous poussons notre corps au-delà de ses limites, les émotions sont décuplées : on pleure, on se met en colère, on rit, on s’émerveille de tout… L’ambiance entre les participant est néanmoins vraiment conviviale. On roule en général tous les jours avec les mêmes personnes et on apprend à se connaître puis on s’encourage à tour de rôle. Comme l’a si bien dit Kate, se n’est pas une compétition des uns contre les autres, mais un combat de tous les cyclistes ensemble contre cette course qui est si difficile.

Je n’ai jamais rien fait d’aussi éprouvant physiquement dans ma vie et je n’en reviens toujours pas d’être finisher ! C’était ma toute première course de VTT et je ne pense pas que ce sera la dernière. Maintenant que je suis venue à bout de ce challenge, j’ai pris confiance en moi et je pense que je l’ai mérité ce vélo finalement ! Je suis déjà en train de réfléchir à mon prochain défi sportif…

Pour toutes les femmes (et hommes) qui doutent encore de leurs capacités, j’espère avoir pu montrer que tout est possible et qu’il faut croire en soi ! On a beaucoup plus de capacités qu’on ne l’imagine, notre seule barrière c’est nous-même. Alors ne doutez plus, lancez-vous ! La vie est trop courte pour ne pas en profiter à fond ! Ne rêvez pas votre vie, mais vivez vos rêves !

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